Aujourd’hui est un jour spécial. Il s’est produit une chose étonnante, une idée a germé dans l’esprit de Liz. Pourquoi aujourd’hui ? Elle l’ignore. Peut-être qu’en cet énième jeudi de grève a-t-elle senti le besoin de sortir de l’inactivité, néanmoins, en ce jour, elle a prit la décision d’être active sur son site internet…
Quel discours théâtral pour si peu ! En effet, bien que le P75 vienne de commencer, que parcoursup vienne d’ouvrir et le fait d’avoir un nombre incalculable de choses à finir, mon cerveau a décidé de faire tout autre chose. Tout compte fait je suis peut-être faite pour la charrette.
Je reviens donc aujourd’hui à l’assaut de mon propre site pour faire un petit résumé de ma visite au musée du centre Pompidou, musée qui je le rappelle présente des collections modernes et contemporaines d’art. Lors de l’après-midi du vendredi 16, je me suis concentrée uniquement sur la partie contemporaine. De grands classiques me sont réapparus mais j’ai aussi fait de jolies découvertes.
Voici donc les oeuvres de Beaubourg qui ont attiré mon attention lors de cette dernière visite. Peut-être pourrez-vous cibler ma sensibilité et donc me connaître d’avantage grâce à cet article ?
Pablo Picasso – Portrait de jeune fille (1914)
La jeune fille en question serait Eva Gouel, la compagne de Picasso. C’est une célébration de sa grâce légère déployant un véritable feu d’artifice de trouvailles plastiques, d’effets de trompe-l’œil et de fantaisies graphiques. Cette œuvre pleine de métaphores célèbre cette femme par la suggestion de ses formes et de ses qualités, comme une métaphore.
Motifs, collages, juxtaposition de textures rendent impossible d’appréhender ce « portrait » qui pourtant réduit le visage de la modèle à sa plus simple expression.
Frantisek Kupka – Plans par couleurs (1910-1911)
Kupka permet grâce à sa peinture de suivre le processus de décomposition du volume en aplats colorés. La silhouette du modèle qui est prise à contre-jour, dans une vision photographique, est stabilisée par des plans verticaux scandant la graduation des couleurs, de l’ombre à la lumière. Le buste est calé par les pointes dédoublées d’un triangle qui anime et creuse la composition. Le tableau fut qualifié de « fantaisie postcubiste » par le critique Roger Allard, en 1912. Quand à moi, je vois une femme sensuelle derrière un vitrail aux couleurs très apaisantes. J’aime beaucoup ce tableau.
Judit Reigl – Flambeaux des noces chimiques (1954)
Les volutes géométriques aux couleurs électriques de Flambeau des noces chimiques nous mènent sur le chemin de l’abstraction. Ce tableau m’a tout de suite appelé, j’ai été impressionnée par sa technique et ses couleurs.
Claude Viseux – Sans titre (1956)
Je n’ai rien trouvé pour étudier cette peinture qui, avant, m’était inconnue, mais je voulais tout de même l’insérer ici. Cette huile sur papier m’inspire le désespoir, une grande tristesse.
J’en fait peut-être une mauvaise interprétation, cela m’arrive.
Ce que je vois c’est un homme qui implose, ces éclaboussures de peintures m’évoquent une grande violence, comme s’il se donnait la mort. Le noir et le rouge montrent aussi la violence de l’oeuvre.
Et bien ! C’est pas joyeux tout ça !
Je fini par une citation de l’artiste:
« Être un observateur ne suffit pas. Il me faut prendre et restituer l’apparence des choses sous une autre forme pour mieux nier le réel. »
Otto Freundlich – Hommage aux peuples de couleur (1935)
Participant à la restauration des vitraux de la cathédrale de Chartres, Otto Freundlich découvre une nouvelle conception de l’art : l’œuvre, assimilée à un organisme vivant formé de cellules, devient pour lui un lieu de vibration coloré où s’exprime une vision optimiste de l’humanité. Ce tableau en mosaïque, composé de droites, d’aplats et de courbes a un agencement à la fois clair et rythmé. Bien que toute figuration soit exclue, une forme humaine s’y dégage et se répète trois fois dans des couleurs denses, jaune, rouge et vert, déclinées du plus sombre au plus clair.
Son Hommage aux peuples de couleur apparaît encore comme l’affirmation de sa croyance inébranlable en une possible communion de l’humanité.
Fred Deux – Travail quotidien (1974)
Alphonse Chave consacre trois expositions à Fred Deux. Lors de celle des dessins organiques de la série « Les spermes colorés » en 1974, Chave répond avec humour et détermination à un visiteur choqué : » Le titre choisi par l’artiste vous scandalise ! Et pourquoi donc mon Dieu ? Nous en sommes tous issus et si vous vous mettez en colère pour si peu, il est à craindre que le vôtre devienne rouge. »
J’ai bien aimé cette anecdote sur le cartel de ce dessin, dessin que j’ai trouvé incroyable à vrai dire. La technique est incroyable.
Joan Miró – Bleu I (1961)
Les impressionnantes toiles du triptyque de Miró dominent les visiteurs en long et en large, et demeure évidemment un incontournable de l’artiste.
Les trois Bleu « sont les enfants aériens […] de sa fascination pour les maîtres de l’abstraction américaine, à commencer par Mark Rothko et ses nébuleuses, qu’il découvrit à New York dix ans auparavant ».
Robert Delauney – La Tour Eiffel (1926)
La Tour Eiffel est une muse pour Delauney. Il l’a pris pour model une cinquantaine de fois dans des dessins et peintures aux caractéristiques géométriques, d’abord dans un esprit néo-impressionniste puis dans celui du mouvement orphiste (mélange de cubisme et d’avant-garde) dont il est le fondateur avec sa femme et quelques autres.
Alfonso-Angel Ossorio – Felix qui potuit (n°1, 1969)
Felix qui potuit veut dire « Heureux celui qui a pu ». C’est une huile aux nombreux objets accumulés et collés sur du contreplaqué. Dans cette collection nous pouvons observer des plumes, des photos collées, des yeux en plastique rendant le tout presque angoissant…
Ses nombreuses couleurs rendent pourtant le tout joyeux et enfantin, côté renforcé par les visages formés par les yeux en plastique.
Otto Dix – Portrait de la journaliste Sylvia von Harden (1926)
Qui est cette femme qui ose s’afficher seule à une table du Romanische Café ? Journaliste à Berlin dans les années 1920, Sylvia von Harden s’affiche en intellectuelle émancipée par une pose nonchalante. Otto Dix contrarie son arrogance par le détail d’un bas défait. Sa robe à gros carreaux rouges détonne avec l’environnement rose, typique de l’art nouveau. Le style réaliste, froid et satirique est caractéristique du mouvement de la Nouvelle Objectivité auquel appartient le peintre. Il s’inspire des maîtres allemands du début du 16° siècle (Cranach, Holbein), par la technique de la tempera sur bois et l’exhibition d’une intéressante laideur.
Andy Warhol – Ten Lizes (1963)
Ten Lizes ? Comment Warhol a-t-il pu me peindre 10 fois sachant que je n’étais pas encore née en 63 ? Trêve de plaisanteries, dans cette oeuvre le visage de l’actrice américaine Elizabeth Taylor est répété jusqu’à saturation sur une toile aux allures d’écran de cinéma. Grâce à la technique de la sérigraphie, Warhol épuise son sujet jusqu’à l’extraire de tout contexte narratif et affectif. L’image de l’icône hollywoodienne acquiert ainsi une certaine fragilité. À la fois actrice et allégorie d’un monde dominé par la prolifération des images, l’œuvre de Warhol en révèle ses fractures.
Vassily Kandinsky – Auf Spitzen (1928)
Cette toile est réalisée alors que Kandinsky occupe un poste d’enseignant au Bauhaus de Dessau. Sa position de peintre abstrait, au sein d’une école qui se rapproche de plus en plus de l’industrie, est contestée. C’est probablement pour cela que les éléments géométriques prennent alors dans son enseignement comme dans sa peinture une importance grandissante. Mais par la liberté colorée dont témoigne « Auf Spitzen », par le traitement des surfaces riches en couleurs et en dégradés allant du jaune au violet en passant par l’orange et le rouge, Kandinsky se démarque nettement du constructivisme ou du suprématisme dont l’influence était grandissante à cette époque.
Et voilà, cette exposition virtuelle est finie. Quel plaisir de retrouver des oeuvres si connues et d’en découvrir d’autres, c’est pourquoi j’adore arpenter le musée du centre Pompidou. Bientôt je ferait un retour sur l’exposition Boltanski que je me ferait un plaisir d’aller voir demain.